Le 18 octobre avait lieu la journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, à cette occasion, Justice et Paix, encouragée par des volontaires, a organisé une rencontre ayant pour thème : “Mondialisation, prostitution et violences”.
Pour notre association, c’était l’occasion d’analyser l’autre versant d’un thème abordé depuis longtemps : celui des conflits en Amérique latine et en Afrique centrale. En effet, lorsque nous parlons de prostitution et de traite des êtres humains [1]Selon le protocole des Nations Unies, la traite des personnes est une forme modernisée d’esclavage qui se manifeste par l’exploitation forcée du travail ou l’exploitation sexuelle … Continuer la lecture , nous ne pouvons mettre de côté la dure réalité de ces populations qui migrent, parfois volontairement, espérant trouver de meilleures conditions de vie dans nos pays européens. En Belgique, entre 67 et 90 % des femmes qui se prostituent viennent de l’étranger. [2]Film “Not for sale” de Marie Vermeiren. Nous avons voulu donner la parole à des associations et politiques [3]Nous remercions ici Pierrette Pape (Lobby européen des Femmes), Marie Vermeiren (Elles tournent), Bernadette Lenotte (Monde selon les femmes) et Céline Frémault (Présidente du groupe cdH au … Continuer la lecture qui font un important travail sur la question et qui proposent des pistes concrètes. Ces pistes, nous les avons mises en débat lors d’une rencontre organisée le 13 octobre et qui a rassemblé 25 personnes. À la base du débat organisé par Justice et Paix le 13 octobre, quelques constats partagés et la mise en exergue d’un cliché : « la prostitution est un choix »… sous-entendu, laissons ces femmes exercer le métier qu’elles ont choisi! Pour Pierrette Pape, 9 femmes prostituées sur 10 voudraient quitter le système mais ne s’en sentent pas capables… entre autres raisons, leur dépendance à la drogue. [4]Près de 95% des femmes dans la prostitution de rue sont dépendantes de drogues. Source : Home office, Paying the price, 2004 (cité par Pierrette Pape).- Les citoyens… dont les clients : « C’est parce que tu paies que la prostitution existe » c’est avec ce slogan direct et percutant que le « Monde Selon les Femmes 6 » nous interpelle : “On ne parle jamais de la demande, ce sont toujours les personnes prostituées qui sont stigmatisées”. Or, s’il y a des prostituées, c’est qu’il y a des clients. Les hommes, dans la plupart des cas. Malheureusement, ces derniers ne semblent pas particulièrement interpellés par cette question. Nous pouvons prendre comme exemple le nombre d’hommes présents lors de la rencontre du 13 octobre : 2… sur 25.
- Les médias, qui de manière directe (publicité pou des « centres de massages » dans certains journaux) ou indirecte (banalisation de certains sites pornographiques sur Internet) contribuent à banaliser la prostitution.
- Les politiques : le témoignage de Céline Frémault, Présidente du groupe cdH au Parlement bruxellois montre à quel point cette question n’est pas une priorité, même pour les politiques! En effet, son travail à l’encontre de l’ouverture d’un “Eros center” à Liège, lui a tout d’abord valu d’être traitée de “radicale” par ses collègues. Sa victoire à Liège (le projet d’Eros Center a été abandonné) et son implication dans la Commission sur la Traite des êtres humains entre 1995 et 1999 a abouti au vote, à l’unanimité au sein de son parti, d’un texte fort marquant l’opposition à l’ouverture d’Eros Center en Wallonie et à Bruxelles ainsi que d’un « plan prostitution » étalé sur trois ans. « L’expérience des Pays- Bas et de l’Allemagne montre clairement que l’approche tolérante, via des Eros Centers, ne fait qu’accroître la traite des êtres humains, explique Céline Fremault. En Suède, par contre, les clients sont pénalisés. Depuis, la prostitution a diminué de moitié».
Documents joints
Notes[+]
↑1 | Selon le protocole des Nations Unies, la traite des personnes est une forme modernisée d’esclavage qui se manifeste par l’exploitation forcée du travail ou l’exploitation sexuelle forcée de la victime etc. Elle peut prendre différentes formes comme la prostitution, l’exploitation du travail dans des ateliers clandestins, l’esclavage domestique, la mendicité forcée, les trafics d’organes, le commerce des enfants….Pour en savoir plus sur les liens entre la prostitution et la traite sexuelle voir le « Manuel pour comprendre » du Lobby Européen des Femmes. |
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↑2 | Film “Not for sale” de Marie Vermeiren. |
↑3 | Nous remercions ici Pierrette Pape (Lobby européen des Femmes), Marie Vermeiren (Elles tournent), Bernadette Lenotte (Monde selon les femmes) et Céline Frémault (Présidente du groupe cdH au Parlement bruxellois). |
↑4 | Près de 95% des femmes dans la prostitution de rue sont dépendantes de drogues. Source : Home office, Paying the price, 2004 (cité par Pierrette Pape). |