Le greenwashing est une technique publicitaire qui consiste à vanter de manière indue (ou simplement exagérée) les mérites écologiques d’un produit, d’un service ou d’une entreprise. Le terme est dérivé du mot whitewashing, blanchiment, et peut dès lors se traduire en français par « blanchiment d’image écologique ». Plutôt que de changer son arsenal d’arguments publicitaires, ce sont ses pratiques de production que le monde de l’entreprise devrait modifier.
L’apparition, depuis quelques décennies, de préoccupations environnementales a poussé le monde de l’entreprise à s’adapter, avec plus ou moins de bonne foi et d’efficacité. Les secteurs de l’énergie, de l’automobile, de l’alimentation et de l’habillement sont les premiers visés pour leur impact écologique et social. Parmi ces impacts : l’épuisement des ressources naturelles, la pollution des sols, de l’eau et de l’air (avec des conséquences à la fois locales et globales), et des conflits sociaux causés par l’accaparement des terres, la destruction du milieu de vie ou des sources de revenus des habitants ou les conditions de travail de la main-d’œuvre locale. La confiance des citoyens envers le monde de l’entreprise, émaillée par de nombreux scandales (Bhopal, Erika, …)[1]« 5 catastrophes environnementales qui ont amené à l’arrivée de la RSE », rse-pro.com/environnement-rse-65, n’est plus ce qu’elle était au siècle dernier. Les entreprises se voient aujourd’hui contraintes de rendre des comptes, plus seulement auprès de ses actionnaires, mais aussi auprès des consommateurs, des pouvoirs politiques et de la justice. Pour répondre à ces préoccupations, certaines entreprises ont revu leur stratégie et leur chaîne de production et d’approvisionnement par un choix éclairé de sous-traitants. On a ainsi vu apparaître des cahiers de charges et des politiques internes de « responsabilité sociétale des entreprises » (RSE) et de « diligence raisonnable ». Ces politiques volontaires intègrent les concepts de développement durable, de respect des droits humains et de protection de l’environnement et donnent lieu à des rapports annuels évaluant les impacts sociaux et environnementaux de l’activité de l’entreprise, détaillant objectifs fixés et résultats. En Belgique, le réseau Business & Society rassemble les entrepreneurs pionniers engagés dans un tel procédé. Des voix s’élèvent cependant pour dénoncer la communication que font les entreprises autour de leurs initiatives de réduction d’impact écologique et social. Non pas que ces changements ne soient pas les bienvenus ou que la communication autour de ces objectifs nouveaux et des avancées en la matière soient indésirables. Mais parce qu’il apparaît clairement que de nombreuses campagnes publicitaires et stratégies marketing opportunistes abusent des arguments écologiques et éthiques, simplement parce que ces termes répondent aux attentes des consommateurs. Il suffit de faire ses courses pour constater que l’adjectif « naturel » et les images de fermes familiales envahissent les emballages des produits alimentaires, au risque de vider ces symboles de toute substance. Le phénomène a pris une telle ampleur que le monde anglo-saxon a forgé pour lui les termes greenwashing et fairwashing (l’équivalent « éthique » de ce nouveau genre de mensonge publicitaire). Le défi, pour les citoyens, est donc aujourd’hui d’opérer la distinction entre les vraies et les fausses alternatives à notre modèle de production de biens et services.- Incohérence. Une mise en avant d’un produit ou d’un programme environnemental alors que l’activité principale de la compagnie est fondamentalement polluante ou non-soutenable (c’est typiquement l’exemple des voitures « vertes »).
- Diversion. Lorsque la compagnie met exagérément l’accent sur une mesure environnementale afin de détourner l’attention d’un problème de pollution, ou lorsque la campagne mobilise un budget plus important que la mesure présentée.
- Hypocrisie. Quant une entreprise communique autour de ses engagements « verts » alors qu’elle mène dans le même temps un travail de lobbying freinant les lois et règlements en matière de pollution (le même raisonnement vaut pour les actions philanthropiques d’entreprises qui ne font en revanche pas les efforts suffisants pour diminuer leur impact social négatif).
- Opportunisme. Ou l’art de vanter des améliorations qui ont été imposées par de nouvelles normes légales, par exemple quant une industrie a dû modifier ses procédures ou a été condamnée à nettoyer un site et le présente ensuite comme un acte de son initiative.
- de la promesse disproportionnée – lorsqu’un produit est présenté comme totalement écologique alors que seul un de ses éléments ou seul un aspect de son cycle de vie l’est ;
- du message flou – absence de preuves ou insuffisance d’information qui ne permet pas de s’assurer de la validité de la démarche ou de l’avantage écologique du produit ;
- et des visuels trop suggestifs – feuilles, arbres, éoliennes et animaux sur fond vert, sans lien direct avec le produit ou la politique de la compagnie.
Documents joints
Notes[+]
↑1 | « 5 catastrophes environnementales qui ont amené à l’arrivée de la RSE », rse-pro.com/environnement-rse-65 |
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↑2 | stopgreenwash.org/criteria |
↑3 | www.ecoconso.be/IMG/pdf/labels_logos_pictos.pdf |
↑4 | www.infolabel.be |