Les Cafés Littéraires rassemblent une équipe de lecteurs intéressés d’aborder la thématique d’année de Justice et Paix par le biais de romans. Cette année, c’est le thème de l’environnement qui a retenu notre attention. Ce terme est devenu classique, singulièrement en Occident, lorsqu’on veut parler de la nature, du respect qu’on estime lui devoir, des actions qu’on propose pour la sauvegarder, etc. Pourtant, le vocable d’ « environnement » n’est pas sans prêter à confusion : en effet, il sonne un peu comme si la nature n’était jamais que les environs, la périphérie par rapport au centre incontesté et incontestable qu’évidemment nous occuperions, nous, les humains.
Et c’est là que certains d’entre nous, sans tomber dans l’idéologie catastrophiste de l’écologie radicale, voudraient rompre avec les tenants d’une position anthropocentrique qui conduit tant d’hommes à instrumentaliser tout ce qui n’est pas « eux » : les plantes, les oiseaux du ciel, les poissons de la mer et tout ce qui est censé partager sur terre leur espace vital. À force de voir traiter la nature comme secondaire, les plus conscients d’entre les humains comprennent qu’ils courent droit dans le mur. Du coup, l’on se dit qu’il urge de renouer avec le respect de la nature, sous peine de perdre le sens même de notre identité humaine. Cette culture (contre-anthropocentrique ?) du (strict) respect de l’environnement prend aujourd’hui divers aspects : lutte contre les entreprises qui produisent des OGM, lutte contre certains projets immobiliers qui se font au détriment de la forêt, mises en gardes contre l’exploitation « indécente » de la forêt amazonienne et des océans, combat en faveur des abeilles dont on découvre qu’elles jouent un rôle fondamental dans l’équilibre écologique, etc. Le fait est aussi que, malheureusement, cette lutte peut prendre des allures guerrières terrifiantes dans le cadre de ce qu’on appelle l’ « écologisme radical ». Le roman de Jean-Christophe Rufin intitulé : « Le Parfum d’Adam » montre comment, à force de prendre le parti de la nature non pas « compte tenu de l’humain », mais parfois contre lui, l’on peut en venir à des solutions qui ne sont pas loin de ressembler aux horreurs nazies passées.Attachments
Notes[+]
↑1 | On pense, par exemple, à l’arrestation des 28 militants de GreenPeace accompagnés de deux journalistes, après avoir tenté de dénoncer l’emprise pétrolière que la Russie cherche à concrétiser dans l’Arctique, et aussi aux écoutes et surveillances des communications que permettent les nouveaux médias, et qu’exercent les services secrets de nombreux pays, en particulier des Etats-Unis. |
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↑2 | 1887-1948 : écologiste américain dont cet « Almanach » a été publié un an après sa mort et a été vendu à des millions d’exemplaires. Pour lui, « une action est juste, quand elle a pour but de préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est répréhensible quand elle a un autre but. » Ou encore, « La protection est un état harmonieux entre les hommes et la terre. » En France, l’Almanach a été publié dans la collection de poche GF de Flammarion. Autre exemple de référence au réel dans un récit et un discours de fiction. |
↑3 | Id. page 305. |
↑4 | Id. 318 |
↑5 | Id. 472 |
↑6 | Exégète et philosophe, spécialiste de la gnose |