La crise bancaire qui a éclaté en 2008 a mis en exergue les nombreux dysfonctionnements du système bancaire. Depuis lors, les négociations s’enchaînent et les promoteurs d’une régulation plus forte de la finance sont confrontés à de nombreux obstacles qui forcent la patience. Parmi leurs revendications, la scission des banques de dépôt [1]Les activités de dépôt correspondent à la fonction première des banques, à savoir le financement de l’économie. Elles sont réalisées par les banques de dépôt traditionnelles, appelées … Continue reading et des banques d’affaires[2]Les activités de marché regroupent les interventions des banques sur les marchés financiers, afin d’apporter de la liquidité (représente la capacité à acheter ou à vendre rapidement les … Continue reading, autrement dit des activités de dépôt et de marché au sein d’une même banque, pourrait éviter une nouvelle crise systémique dont l’étendue des mesures prises jusqu’à maintenant ne nous préserve pas.
L‘association des banques de dépôt et des banques d’investissement, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’a pas toujours été la norme. Aux États-Unis, la restriction des activités bancaires est un principe qui apparaît dès 1838. Dans un but de solidité et de sécurité, les banques ne peuvent participer à des entreprises commerciales et donc posséder des actions. À partir de 1910, les banques américaines commencent à contourner l’impossibilité de détenir des actions en créant des filiales non régulées qui échangent toutes sortes de titres. Suite à la crise de 1929, le “Glass-Steagall Act” adopté en 1933 au Congrès américain réaffirme durablement la séparation des banques de dépôt et des banques d’investissement. Cependant, la banque et la finance ont énormément évolué au cours des 25 dernières années et la dérégulation a permis une croissance massive du secteur financier. En 1999, le “Gramm-Leach-Bliley Act” abroge le “Glass-Steagall Act” sans pour autant autoriser les banques à contrôler des sociétés commerciales. Face à la crise globale de 1929, l’Europe a adopté un comportement différent de celui des États-Unis. À l’exception de certains pays comme la Belgique disposant en 1933-1934 d’une mesure similaire au “Glass-Steagall Act”, la plupart des banques des pays européens (Allemagne, France) se sont développées en liens étroits avec les entreprises industrielles. Les banques allemandes préfiguraient les banques universelles à venir. La crise bancaire de 2008 trouve son origine dans le fait que les autorités politiques ont toléré que les banques se lancent dans la spéculation financière avec les dépôts des particuliers et des entreprises. Abandonnant progressivement le “Glass-Steagall Act” mis en place dans les années 30’, elles ont permis aux petites banques de dépôt de se lancer dans des activités financières à haut rendement et à risque élevé.Attachments
Notes[+]
↑1 | Les activités de dépôt correspondent à la fonction première des banques, à savoir le financement de l’économie. Elles sont réalisées par les banques de dépôt traditionnelles, appelées aussi banques de détail, qui reçoivent des capitaux que des clients mettent en dépôt et qu’elles injectent dans l’économie sous forme de crédits. |
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↑2 | Les activités de marché regroupent les interventions des banques sur les marchés financiers, afin d’apporter de la liquidité (représente la capacité à acheter ou à vendre rapidement les actifs qui y sont cotés sans que cela ait d’effet majeur sur les prix) sur les marchés secondaires (échanges de titres existants), de couvrir leurs risques excessifs, ou de spéculer. Elles sont réalisées par les banques d’affaires ou d’investissement, les salles de marché, les hedge funds |
↑3 | Entre 2008 et 2011, le coût du sauvetage des banques dans l’UE a atteint 1600 milliards de recapitalisation. |
↑4 | Selon la composition du bilan bancaire, BNP Paribas Fortis consacre 33% de son actif aux crédits, Barclays 29% et la Deutsche Bank 20%. Tandis que les actifs dédiés aux produits financiers représentent 51% chez BNP, 61% chez Barclays et 63% pour la Deutsche Bank. |
↑5 | Le Comité de Bâle sur la supervision bancaire est responsable de la stabilité des institutions bancaires. Depuis sa création par les gouverneurs des banques centrales du G10, en 1974, il a produit de nombreuses règles, recommandations et études. |
↑6 | Lamberts Philippe, Régulation bancaire : (petite) histoire d’un marathon législatif, p. 4. |