Le 15 janvier dernier, l’incendie d’une fabrique de meubles située à l’est de la Chine est passé inaperçu durant près de trois heures en raison de l’épais brouillard chargeant l’air des environs à ce moment-là. Cette anecdote, révélatrice de la pollution atmosphérique que connaît le nord-est du pays, ne constitue pourtant que l’une des facettes de la crise environnementale traversée par la deuxième économie mondiale et qui pourrait, à terme, porter atteinte à la stabilité de son régime.
Depuis le milieu du XIX ème siècle et l’intrusion des pays occidentaux en Chine à la faveur des guerres de l’opium, les dirigeants chinois n’ont eu de cesse de tenter de rendre à leur pays la place centrale qu’il occupait dans le monde. La création du concept d’“économie socialiste de marché” par Deng Xiaoping en 1978, a depuis permis au pays d’assurer sa prééminence sur la scène internationale grâce à sa croissance économique exceptionnelle. [1]Jamais dans l’histoire un pays ne s’est transformé aussi radicalement et en aussi peu de temps que la Chine. Le PIB par habitant du pays étant passé de 210 dollars en 1978 à 4270 dollars en … Continue reading Or, l’industrialisation et l’urbanisation rapides corollaires de ce développement ont causé d’importants dommages aux sols, à l’air et aux cours d’eau du pays. Ainsi, depuis le lancement des réformes économiques, les cadres du Parti communiste chinois (PCC), promus en fonction de leur capacité à développer le PIB de la région qu’ils contrôlent, ont souvent autorisé l’implantation d’usines peu soucieuses de l’environnement. Conséquence : la non-application des règles de sécurité et de protection environnementale dans le secteur industriel est devenue un fait général, provoquant une série de catastrophes humaines et naturelles, dont la pollution des rivières qui rend les terres impropres à la culture pour des décennies. [2]Béjà Jean-Philippe, “Soixante ans de pouvoir communiste en Chine : les illusions perdues”, Esprit, 2009/10, p. 112. Selon des données du ministère de l’Environnement, la qualité des eaux d’un quart des 200 principaux cours d’eau du pays est telle qu’elles ne devraient même pas être utilisée pour l’irrigation.Attachments
Notes[+]
↑1 | Jamais dans l’histoire un pays ne s’est transformé aussi radicalement et en aussi peu de temps que la Chine. Le PIB par habitant du pays étant passé de 210 dollars en 1978 à 4270 dollars en 2010, tandis que la croissance chinoise a été en moyenne de 9% entre le début des années 1980 et le début des années 2000. |
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↑2 | Béjà Jean-Philippe, “Soixante ans de pouvoir communiste en Chine : les illusions perdues”, Esprit, 2009/10, p. 112. |
↑3 | Verdamer Benoît, “La Chine face à la crise écologique”, Études, 2006/3 Tome 404, p. 310. |
↑4 | Á énergie égale, la combustion de charbon rejette 35% de gaz à effet de serre de plus que le pétrole. |
↑5 | Ces populations étaient pourtant très attachées à la stabilité d’un régime qui leur a permis d’atteindre ce niveau de bien-être. Elles semblaient s’être accommodées de ces coûts sociaux et environnementaux jugés inévitables, ainsi que de l’autoritarisme du pouvoir. |
↑6 | Lorrain Dominique, “L’environnement en Chine : le rapport SEPA-NBS”, Entreprises et histoire, 2008/1 n° 50, p. 150-154. |