Les événements qui ont marqué l’été en mer Méditerranée et qui concernent la répression de l’activité des ONG engagées dans le sauvetage de migrants ne sont qu’un exemple, parmi les plus frappants, de la nouvelle ligne de la politique européenne en matière de migrations, qui se déploie aussi en Belgique.

- Une criminalisation de la solidarité envers les migrants. Ce qui se passe à l’échelle des ONG actives en Méditerranée est comparable au cas de Cédric Herrou. Agriculteur français travaillant dans la région de la Roya, au sud de la France à la frontière avec l’Italie et actif dans l’aide aux migrants traversant la frontière entre ces deux pays. Arrêté plusieurs fois, il est finalement condamné en appel à quatre mois de prison par la justice française. Dans ce cas, la Commission nationale consultative des droits de l’homme française a parlé carrément de « délit de solidarité » en demandant l’abrogation de cette décision de justice [5]“ Aide aux migrants : l’agriculteur Cédric Herrou ‘continuera à se battre’ », Libération.fr, 8 août 2017. .
- Passage d’une politique d’accueil à une politique de répression. Les politiques des États et de l’Union européenne sont passées d’un objectif de nature « humanitaire » à un objectif de maîtrise des flux. Ça a été le cas encore une fois en Méditerranée. L’opération « Mare Nostrum » lancée par le gouvernement italien en 2013, qui avait pour objectif de sauvegarder la vie en Méditerranée, a été substituée fin 2014 par une opération coordonnée par l’agence européenne Frontex, « Triton » dont le but affiché est le contrôle des frontières (pas le secours en mer) [6]“ Le differenze tra ‘Triton’ e ‘Mare Nostrum’ », Il Post.it, 20 février 2015. .
- Externalisation du contrôle des frontières. Depuis 2016 les accords bilatéraux ou multilatéraux avec les pays se trouvant à la frontière avec l’Union européenne se multiplient. Ils portent notamment sur la coopération en termes de contrôle des flux d’accès à l’Europe, en contrepartie d’un soutien financier. Le premier de cette génération a été conclu entre l’UE et la Turquie, en mars 2016. Plus récemment, l’UE et l’Italie ont signé des accords avec des pays africains, dont notamment la Libye. Les deux accords sont fortement critiqués pour le caractère peu démocratique des deux régimes (Turquie et Libye). Le deuxième est particulièrement problématique, parce que l’état de chaos politique dans lequel le pays se trouve depuis 2011 favorise la présence d’un vrai trafic d’êtres humains qui touche les migrants transitant dans le pays. Refouler ou empêcher les migrants de quitter ce pays les exposera à de nombreuses exactions de la part des groupes criminels actifs sur le territoire libyen.
Attachments
Notes[+]