The issues allowing the maintenance of numerous conflicts in the African Great Lakes region are different. The case of the Democratic Republic of Congo->word1] (DR Congo) is very telling in these terms. The issues are numerous and closely linked to each other. The [regional commissions of Justice and Peace looked into this question, to then identify avenues for citizen and solidarity action to be put in place.
The question is why these warlike conflicts [Depuis la guerre menée par Kabila Joseph, alors rebelle, contre le régime dictatorial du président Mobutu en 1997, la région des Grands lacs n’a plus jamais connu de paix. Si cette guerre avait comme intention avouée la prise du pouvoir à Kinshasa, les intentions inavouées de ceux qui l’ont porté au pouvoir étaient plutôt économiques. Continuer à faire la guerre au Congo pour exploiter davantage, et sans contrôle, ses richesses, notamment les mines. Plusieurs armées de rebelles, venant et/ ou soutenus par les pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda et l’armée nationale (FARDC) s’y affrontent et endommagent les biens et les vies humaines.]], dévastateurs et déshumanisants persistent malgré tant d’efforts réalisés : D’où viennent-ils ? Peut-on espérer un jour la paix dans cette partie du continent ? À quelle(s) condition(s) ? La République Démocratique du Congo est, dans cette région, l’exemple qui montre la complexité des enjeux liés aux conflits : les problématiques sont nombreuses et étroitement liées l’une à l’autre. Une analyse de ce contexte est nécessaire avant de pouvoir dégager des pistes d’action cohérentes. Cette analyse est le fruit d’une réflexion collective menée par les [commissions régionales Justice and Peace of Namur, Liège and Walloon Brabant, leading a mobilization project around issues linked to peace and democracy in Central Africa.**Lack of good governance around mining resources
Une première source de ce conflit se trouve dans le manque de gestion des ressources minérales dont regorgent le sol et le sous-sol de cette partie du monde, faisant l’objet de convoitise par les nationaux et les expatriés. Malgré l’incroyable richesse du sous-sol congolais, pouvant faire en sorte que tout le monde y trouve sa part, cette mauvaise gouvernance amène à une compétition meurtrière autour de ces ressources. C’est ici que s’établit le rapport de force d’abord entre les puissances internationales, et entre celles-ci et le pouvoir en place, les Hommes du pouvoir entre eux et avec une portion de la population. Dans ce contexte, le rôle des firmes multinationales est assez parlant. Prenons la position de la “Cellule Technique de Coordination et de Planification Minières” (CTCPM), un organe conseil d’étude et de coordination des activités du secteur minier en République Démocratique du Congo [1]Au-delà de ce rôle, la C.T.C.P.M est aussi chargée de la conception des politiques et stratégies visant l’optimisation de l’exploitation des ressources minérales en RDC. S’agissant des contrats miniers, cette cellule en parle clairement en termes du « hold-up » du siècle. D’abord parce que les multinationales s’occupent elles-mêmes de la commercialisation totale des produits et se font malheureusement encore payer pour cela. De plus, dans les contrats, elles sont exemptées d’impôts pendant 20 ans. Pour ce qui concerne la gestion et l’exploitation de ses mines, la participation congolaise est quasiment nulle. Dans tous les cas, le Congo est perdant. The case of Anvil Mining Anvil Mining est une compagnie minière de Toronto, propriétaire de gisements de cuivre en République Démocratique du Congo. Cette société est l’une de celles qui exploitent les mines congolaises d’après un contrat hybride signé avec la Gécamines [2]Société Générale des Carrières et des Mines, a Congolese state company based in the mining region of Katanga. La commission chargée de revisiter les contrats miniers a constaté que l’État congolais ne gagnait absolument rien sur ce contrat. La compagnie exploite le cuivre et l’argent près de Kilwa au Katanga, gisement à valeur minimale d’1 milliard 230 millions de Dollars. Cette partie du monde devient le théâtre de concurrence et de conflits non seulement entre acteurs nationaux (dont les forces d’État et les milices armées) mais aussi entre les grandes puissances du monde. Notre positionnement est clair : la guerre à l’Est du Congo n’a rien à voir avec la multitude des tribus existantes. Ce n’est pas non plus une guerre « congolo-congolaise ». C’est une forme subtile d’agression du Congo pour mieux exploiter – dans le désordre – ses richesses. Pourtant, les frontières ont fait que ces minerais appartiennent pour la plupart au Congo démocratique. Il revient au pouvoir en place en RDC non seulement de protéger ce qui lui appartient mais d’établir des contrats miniers respectant les intérêts tant de sa population que de ses partenaires internationaux. C’est là que le bât blesse : ces contrats ont été négociés par le pouvoir en place, au moment où le Congo était en pleine crise de légitimité. Aujourd’hui, il est question de revenir sur ces contrats dit léonins, négociés uniquement dans un but électoral pour le pouvoir et dans celui d’exploiter davantage le Congo pour les multinationales. Le combat de la société civile (dont de Justice et Paix) doit s’inscrire dans ce registre. Il est d’’abord nécessaire de nous indigner sur la nature de ces contrats dont visiblement les intérêts sont unilatéraux, et ce, en défaveur du pays producteur. Secundo, il faut constituer, avec la collaboration des partenaires locaux, notamment congolais, un lobbying pour influencer les décisions et les orienter dans un sens beaucoup plus éthique. Les multinationales sont des sociétés, des firmes et entreprises occidentales qui exploitent les ressources naturelles des pays pauvres et revendent plus cher leurs produits, raffinés. Devons-nous entériner une telle injustice ? Nous plaidons pour une législation qui contraigne les entreprises actives dans le secteur à agir dans le respect de normes sociales et environnementales**Forces present: complicity and particular interests
Une deuxième source du conflit, c’est le comportement du pouvoir en place : il se manifeste d’abord par la complicité avec ceux qui pillent le pays qu’il est censé protéger, puis par la mauvaise gestion et gouvernance du pays. Ce qui étonne le peuple congolais, c’est la trahison du pouvoir qui collabore avec les détracteurs de ses biens et intérêts. Ce pouvoir est en effet antipopulaire. Il ne « roule » pas pour le peuple mais pour ses propres intérêts. À titre d’exemple, la guerre qui perdure dans l’Est du pays. La question est de savoir à qui elle profite. Pour de nombreux observateurs, ce sont les multinationales et le Rwanda qui tirent profit de cette situation. Lors de la mue du CNDP de groupe armé en parti politique, l’actuel Président congolais Laurent Kabila était proche de Bosco Ntaganda, une figure influente du CNDP. Mais depuis le 13 juillet 2012, la Cour pénale internationale (CPI) a déposé un deuxième mandat d’arrêt contre l’ancien général et soutien du président fraîchement réélu. Joseph Kabila se trouve donc tiraillé entre la pression internationale qui pèse contre Bosco Ntaganda et la difficulté d’abandonner son allié. Ceci explique la politique floue qu’il a menée vis-à-vis du M23 depuis le mois d’avril 2015. The main armed rebel groups active in the east of the Democratic Republic of Congo Le M23, le Mouvement du 23 mars, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu. Il est composé d’ex-rebelles du CNDP réintégrés dans l’armée congolaise à la suite d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite mutinés en avril 2012. Leur nom provient des accords du 23 mars 2009, car les membres considèrent que le gouvernement congolais n’a pas respecté les modalités de celui-ci. Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la Cour pénale internationale (CPI) et par le gouvernement américain. Le CNDP, Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) est le groupe rebelle établi par Laurent Nkunda dans la région du Kivu de la République démocratique du Congo. Le CNDP s’est battu contre les Forces armées de la RDC dans le conflit du Kivu. En août 2007, les Forces armées congolaises ont annoncé qu’elles allaient mettre fin à une offensive de sept mois contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). La fin de la campagne a suscité une vive critique de la part du gouvernement rwandais, car les FDLR étaient les principales forces hutues s’opposant aux milices pro-Rwanda durant la dernière partie de la deuxième guerre du Congo. Les FDLR sont aussi composées d’anciens Hutus responsables du génocide de 1994 au Rwanda. Si face à la pression internationale, Joseph Kabila a lâché son allié et demandé son arrestation pour qu’il soit « jugé en RDC », il manque une réelle volonté politique pour traduire ce positionnement officiel en actes. Aujourd’hui Kabila est dans une situation difficile. Il ne peut plus renier le M23 qui l’a largement soutenu lors des élections mais il ne peut pas justifier leur rébellion compte tenu des exactions effectuées. En tant que président de la République, beaucoup attendaient une prise de position forte et engagée contre les rebelles.**Forces present: the role of Rwanda
When approaching the situation of a Central African country, it is very difficult to ignore the regional context: each country in this region is involved in the economic and political issues of neighboring countries. According to a UN report, the M23 is supported mainly by the Rwandan government and, to a lesser extent, by that of Uganda. A large part of the members of the M23 are Congolese of Rwandan origin. Kigali shows solidarity with them, but it is not only out of ethnic sympathy that Rwanda supports this rebellion: Kigali has an interest in maintaining a situation of insecurity in the eastern zone of Congo [3]Since the resurgence of fighting between the CNDP and the Congolese armed forces, the FDLR has openly fought alongside the latter who supply it with weapons and ammunition. Besides this source… Continue reading. L’instabilité à la frontière facilite les trafics et notamment ceux de minerais comme la cassitérite (rare et nécessaire à la fabrication de téléphones portables). Si la mauvaise gestion et la mauvaise gouvernance ne sont plus à démontrer dans ce pays sévit par la corruption, elles ne constituent pas la cause fondamentale du conflit à l’Est mais elles expliquent en partie la maintenance de cette guerre. Bien gérer signifie maintenir l’ordre. Or, l’ordre ne permettrait pas aux uns et aux autres de profiter comme ils le veulent des richesses de la nation congolaise. La mauvaise gouvernance participe de cette volonté non avouée de conduire le Congo dans le gouffre pour profiter davantage de ses biens. Mais devant une telle situation, voici une piste de solution : l’alternance du pouvoir par les élections. La société civile a un rôle à jouer dans ce sens. Elle ne va pas se substituer aux électeurs mais pourra cheminer avec ce peuple dans le processus électoral et l’aider à se doter de dirigeants qui serviront sa cause et auront des comptes à rendre.**Our challenge: raise awareness, challenge, mobilize
Throughout our analysis, we have identified different points of attention, around which civil society must position itself in response to the various issues linked to the conflicts in the DRC. How, more concretely, can we act around these issues? What can the “ordinary citizen” who does not want to remain indifferent to this situation do? As members of the Justice and Peace commissions of Namur, Liège and Walloon Brabant, we want to mobilize in solidarity with the populations of Central Africa affected by these endless and dehumanizing conflicts. Here are three concrete avenues of action:- Sraise awareness among our fellow citizens of the situation in Central Africa: this concerns us all! Despite the geographical distance that separates us, citizens living in Belgium are directly involved (for example as consumers) in the issues allowing conflicts to persist. Just think that the GSMs that we use with ever greater frequency are made up of these “conflict minerals” from the DRC. Without wanting to feel guilty, providing information on the difficulties experienced by local populations as well as showing the “interdependencies” which link Belgian and Congolese citizens is a fundamental step towards changing things. It is up to the population to question our global economic model, which is unsustainable from a human and environmental point of view.
- Challenge political decision-makers : It is necessary for the population to be vigilant regarding the behavior of the Belgian authorities. Through advocacy actions, citizens can influence political decisions that have an impact on the situation of conflicts and democracy in this region. [This is the case with the regulation recently adopted by the European Parliament regarding the supply of European companies with minerals from conflict zones (see the Justice and Peace analysis [The European Parliament takes a historic step forward in the fight against 'blood minerals'’’]], ainsi qu’exercer une pression auprès des décideurs pour qu’ils ne cautionnent pas de régimes dictatoriaux qui ne respectent nullement la dignité de leur peuple.
- Taking into account the role of African diasporas : Our work must take into account the essential role of African diasporas living in Belgium. The significant presence of these communities is a cultural wealth that characterizes the Belgian reality. Work to raise awareness among the Belgian population must be done not simply in solidarity with the African populations “over there”, but also with those “here”, with a view to mutual enrichment and living together. Furthermore, members of the diasporas are real agents of change. This is all the more important for the Congolese diaspora, participating, for the first time from abroad, in the presidential and legislative elections planned in Congo in November 2016.
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Notes[+]
↑1 | Au-delà de ce rôle, la C.T.C.P.M est aussi chargée de la conception des politiques et stratégies visant l’optimisation de l’exploitation des ressources minérales en RDC |
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↑2 | Société Générale des Carrières et des Mines, a Congolese state company based in the mining region of Katanga |
↑3 | Depuis la recrudescence des combats entre la CNDP et les forces armées congolaises, le FDLR lutte ouvertement aux côtés de celles-ci qui lui fournissent armes et munitions. Outre cette source d’approvisionnement, le financement de la composante armée du FDLR provient principalement de l’exploitation des ressources minières dans les zones qu’il contrôle au Nord et au Sud Kivu. Cette guerre permet au Rwanda d’exploiter à sa guise les ressources naturelles du Congo, notamment pour soutenir son économie mais aussi son armée. |