La population indienne constitue 1/6 de l’humanité. Il y a quelques années, la population de l’Inde était égale à celles de l’Afrique et de l’Amérique latine réunies ! Ce « presque continent » est souvent considéré comme « puissance émergente » mais il est important d’être conscient qu’il y existe une très grande disparité : 40% de la population peut être considérée comme « les oubliés du miracle économique indien » (dalits, adivasis, nomades [1]En Inde, les Dalits (littéralement «brisé et opprimé », parfois appelés les « intouchables ») sont les individus exclus du système des castes. Les adivasis sont une communauté indigène … Continue reading), et pourtant on parle bien d’une démocratie! 70% de la population devraient vivre de l’agriculture paysanne. Pourtant, on assiste à ce que l’on appelle de plus en plus communément « un accaparement des terres » au profit de grandes multinationales, entre autres minières. Il en résulte une pauvreté locale croissante et un phénomène social alarmant : le suicide des sans-terre indiens.
Le leader pacifiste Ramesh Sharma s’interroge : « Pourquoi tant de gens devraient être expulsés de leur emploi traditionnel comme la pêche, la culture du riz ainsi que la culture et la commercialisation de noix de bétel, dans le but de créer des emplois pour une poignée de gens dits « instruits »? Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il à satisfaire les intérêts d’une société (…) étrangère en dépit de toutes les résistances que les gens ont mises en place au cours de ces cinq dernières années ? [2]Cité dans la Newsletter d’Ekta Parishad Belgique, 21 janvier 2013 ». « Il est difficile de trouver une réponse à ces questions », dit-il. Pourtant, c’est dans une volonté de dialogue avec le gouvernement que le Mouvement Ekta Parishad a rassemblé, cinq ans après la marche Janadesh (« Verdict du peuple »), près de 100 000 personnes qui ont marché à travers l’Inde. En octobre 2013, JanSatyagraha, la « marche non violente pour la justice » a gagné un pari fou : mettre les autorités devant leurs responsabilités et les obliger à prendre des engagements pour une réforme agraire effective. Face à cette situation, le mouvement Ekta Parishad a décidé de mener une action d’envergure. Inspiré par Gandhi, son leader, P.V. Rajagopal, a choisi la voie de la non-violence pour amener ceux qu’il appelle les “invisibles” à revendiquer un lopin de terre, mais aussi ce qui va avec : une reconnaissance comme citoyens (nombreux sont ceux qui n’ont pas de papiers d’identité) et par là-même leur droit à un travail et à un logement. À ses yeux, la non-violence a cette capacité de transformer les faiblesses des gens en une force. Leur force, ils l’ont construite en sillonnant pas à pas le pays, en récoltant des milliers de témoignages leur permettant de construire leur message et leurs revendications.Attachments
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↑1 | En Inde, les Dalits (littéralement «brisé et opprimé », parfois appelés les « intouchables ») sont les individus exclus du système des castes. Les adivasis sont une communauté indigène subissant des violations répétées de leurs droits dans le cadre des affrontements entre les forces de sécurité et les milices privées d’une part et les Maoïstes armés d’autre part dans l’Etat du Chhattisgarh, au centre de l’Inde. Source : http://tinyurl.com/Amnesty-fr-adivasis |
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↑2 | Cité dans la Newsletter d’Ekta Parishad Belgique, 21 janvier 2013 |